L’Atlas 2018 de la démographie médicale en France a été annoncé par le Conseil National de l’Ordre des Médecins, ainsi que le projet de loi ‘ Ma santé 2022’.
Suite à cette annonce, plusieurs enseignements peuvent en découler. Pendant que les disparités entre départements favorisés et défavorisés concernant la démographie médicale s’accentuent, des fragilités dans l’accès aux soins se cumulent à d’autres facteurs de fragilité territoriale.
L’Ordre est alors convaincu d’une seule chose : le système de santé nécessite d’avoir une réforme conforme. De plus, il est primordial pour l’Ordre que la future réforme soit portée par une vision politique ferme et adaptée.
En vue d’une réussite de la réforme, trois facteurs principaux devront être améliorés ou ajoutés aux ambitions du Gouvernement :
• Une organisation territoriale qui englobe la totalité des professionnels de santé ;
• Une importante démocratie sanitaire qui permettra de fonder une structuration territoriale au service de tous ;
• Mettre en évidence le principe de solidarité, résultant des ordonnances de 1945 ;
Difficultés rencontrées au sein de la démographie médicale
Cependant, de nombreuses difficultés sont à tirer de ces enseignements et ces dernières persistent dans certains départements.
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Une diminution du nombre de professionnels de santé en activité régulière
La démographie médicale a connu des changements au cours de l’année 2018. L’effectif des médecins inscrits au tableau de l’Ordre est en hausse (296 755 au 1er Janvier 2018, à savoir +2% par rapport à 2017). Néanmoins, l’effectif des médecins en activité régulière est toujours en légère baisse (198 081, à savoir -0,1%). Depuis 2010, les médecins en activité régulière sont de moins en moins nombreux (-10%).
Cette baisse implique particulièrement les médecins généralistes. En effet, ces derniers étaient au nombre de 94 261 en activité régulière en 2010. On en compte plus que 87 801 en 2018 (-7,3% depuis 2010), (-0,4% depuis 2017).
Par ailleurs, les professionnels de santé optent de plus en plus pour l’exercice salarié : 47% d’entre eux aujourd’hui se sont orientés vers ce mode d’exercice, contre 42% en 2010. Par contre, l’inverse s’applique chez les médecins libéraux passant de 47% à 42% au cours de la même période. De son côté, l’exercice mixte demeure équilibré, à savoir 11%.
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Accentuation des inégalités de la démographie médicale
Les jeunes médecins qui s’installent sur le territoire restent insuffisants et représentent un motif de préoccupation. Le rapport entre ces deux déciles est passé de 1.4 en 2010 à 1.6 en 2018 pour les médecins généralistes ; de 2.3 à 2.5 pour les spécialistes médicaux et de 2.1 à 2.3 pour les spécialistes chirurgicaux.
Les départements les moins favorisés ont par ailleurs connu un déclin plus rapide de leur démographie médicale :
- au moment où la densité des généralistes a baissé de 9.8% dans les départements du décile 10 entre 2010 et 2018, elle a alors chuté de 19.8% dans le décile 1 ;
- si le nombre de spécialistes médicaux progressait de 2.7% dans le décile 10, elle baissait de 2.5% dans le décile 1 ;
- et si la densité de spécialistes chirurgicaux augmentait de 4.9% dans le décile 10, elle chutait de 6.1% dans le décile 1.
Toutes ces études ont permis de démontrer le manque d’effets des mesures incitatives mises en œuvre jusqu’ici.
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Des territoires amassant les instabilités
On distingue que les difficultés concernant la démographie médicale viennent la plupart du temps se rattacher à d’autres facteurs de fragilité territoriale. Il y a donc un rapport très significatif et inversement proportionnel entre démographie médicale des départements et proportion de la population générale ayant plus de 60 ans. Ainsi, les populations qui demandent plus de soins sont le plus constamment éloignées de l’accès aux soins.
En outre, ces territoires représentent souvent ceux qui ne bénéficient qu’en partie d’une couverture internet mobile, ou encore ceux dont les habitants souffrent d’un accès difficile aux équipements de la gamme intermédiaire (collèges, supermarchés, stations-services…) .
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Comment avoir une réforme réussie ?
En effet, l’Ordre rappelle depuis quelques années que la modification de notre système de santé est plus que jamais nécessaire. Celle-ci fait appel à un projet de loi d’une grande ampleur pour redonner une vision et un cap aux professionnels de santé et à leurs patients.
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Une certitude renouvelée : il est primordial que la future réforme soit portée par une conception politique forte
Le Conseil National de l’Ordre a participé au déroulement de la stratégie « Ma santé 2022 » le 19 Novembre. Il prévoit de jouer entièrement son rôle lors des futures échéances de ce comité de pilotage. De plus, il participera efficacement aux travaux préparatoires de chacun des dix chantiers identifiés par le ministère des Solidarités et de la Santé.
Cependant, au stade actuel des discussions, il semble clair que la réforme annoncée pour le 1er trimestre 2019 peut encore échouer ou réussir, en fonction notamment des choix qui seront faits sur les enjeux de structuration territoriale.